ISOLEMENT/ISOLATION - JOUR/DAY 9
Nous sommes de plus en plus à être isolés, plus d'un tiers de la population mondiale, du jamais vu d'histoire d'homme, de plus en plus à être affectés par la crise sanitaire du COVID-19 qui s'est abattue sur nos têtes.

 

We are more and more isolated, more than a third of the world's population, never seen before in human history, more and more affected by the COVID-19 health crisis which fell on our heads.

 

Mars 2020 / March 2020

Le virus gagne du terrain, la situation empire, les morts s'additionnent et il faut être un grand optimiste pour imaginer qu'un jour nous en sortirons je l'espère grandis. Mais je reste positif et le resterai coûte que coûte.

Loin des polémiques en tout genre qui sont devenues le nouveau sport du moment, alors que les Jeux Olympiques viennent d'être reportés, et qui m'exaspèrent de plus en plus, à tel point que je m'éloigne des informations, des réseaux sociaux et des 65 millions de médecins et de spécialistes que mon pays compte désormais, j'ai ce soir une pensée toute particulière pour ces endroits que je visite régulièrement et qui, peut-être plus que nous encore, sont en grand danger et à l'aube d'une catastrophe sanitaire sans précédent.

Je veux parler bien sûr des camps de réfugiés, des bidonvilles, des townships ou des favélas de tout type, la liste ne s'arrêtant pas à ces lieux oubliés, que nous avons trop tendance à considérer comme faisant partie d'un autre monde.

C'est une évidence, la situation en France et dans nos pays dits développés, est critique. Nos systèmes de soins sont au bord de l'implosion et tiennent uniquement grâce au dévouement sans faille d'un corps médical qui s'est mis au service de la société toute entière à ses risques et périls.

Nos poubelles sont encore ramassées, nos services publiques, même s'ils tournent au ralenti fonctionnent encore, nous avons la possibilité de faire nos courses et de trouver assez à manger pour ne pas envisager de perte de poids. Nous pouvons passez des heures à regarder la TV, à lire, à commenter l'actualité, à déverser notre incompétence sur les réseaux sociaux. Ce n'est pas la cas de tout le monde.

Alors oui, qu'il est difficile de vivre confinés et de tourner en rond entre nos quatre murs. Qu'il est stressant de ne pas savoir pour combien de temps. Qu'il est usant psychologiquement de ne pas savoir si nous allons nous aussi être affectés par la pandémie. Qu'il est triste d'imaginer que certains de nos proches risquent d'y succomber.

Cela nous empêche-t-il pour autant de penser que, dans notre malheur, nous ne sommes peut-être pas les plus à plaindre ? Je suis très inquiet ce soir quand je pense à mes amis de Kilis, je suis très inquiet aussi quand j'imagine ce qui peut arriver à Meheba, à Dzaleka, à Za'atari, Lusaka, Bujumbura, Rio, Téhéran, Lima... Il me faudrait des pages et des pages pour ne pas risquer d'oublier qui que ce soit.

J'entends dire ici et là que parler de guerre n'était pas responsable. Mais l'est-il plus de penser que le virus nous affecte nous uniquement et qu'il risque de ruiner nos économies et de foutre en l'air nos petites vies privilégiés, alors que dans tous ces pays que j'aime du plus profond de mon coeur, c'est l'humanité toute entière qui risque d'être engloutie.

J'ai visité des hôpitaux où les conditions sanitaires étaient inimaginables. J'ai déambulé et vécu au sein des quartiers les plus colorés, les plus humains, mais ceux aussi où la promiscuité était endémique et annonciatrice d'une catastrophe en puissance.

Alors oui ce soir, je pense à mes frères et soeurs du monde entier qui n'auront pas la 'chance' de pouvoir s'isoler comme nous ne faisons, qui n'auront pas la chance de pouvoir disposer de nos services médicaux, qui aussi saturés soient-ils, restent infiniment plus sécurisés. J'ai peur, je crains, que dans la catastrophe qui s'annonce, une fois de plus, nous oublions qu'un être qui disparait qu'il soit noir, blanc, jaune, petit, grand, gros, chauve... c'est un bout de l'humanité qui s'envole.

En attendant, #restezchezvous!

The virus is gaining ground, the situation is getting worse, the dead are adding up and it takes a great optimist to imagine that one day we will come out of it hopefully better. But I remain positive and will remain at all costs.

Far from the polemics of all kinds that have become the new sport of the moment (when the Olympic Games have just been postponed), and which exasperate me more and more, so much so that I moved away from information, social networks and of the 65 million doctors and specialists that my country now has, this evening I have a very special thought for these places that I visit regularly and which, perhaps more than us, are in great danger and on the eve of an unprecedented health disaster.

I mean of course refugee camps, shantytowns, townships or favelas of all kinds, the list does not stop with these forgotten places, which we too often tend to consider as part of another world.

It is obvious, the situation in France and in our so-called developed countries is critical. Our healthcare systems are on the verge of implosion and only hold thanks to the unfailing dedication of medical staff which has put itself at the service of the whole society at its own risk.

Our garbage cans are still being picked up, our public services even if they are on danger are still working, we have the possibility of doing our shopping and finding enough to eat so as not to contemplate losing weight. We can spend hours watching TV, reading, commenting on the news, spilling our incompetence on social media. This is not the case for everyone.

So yes, it is difficult to live confined and to go around in circles between our four walls. How stressful it is not knowing for how long. That it is psychologically tiring not to know if we too will be affected by the pandemic. How sad it is to imagine that some of our loved ones may succumb to it.

Does this prevent us from thinking that, in our misfortune, we are perhaps not the most to be pitied? I am very worried this evening when I think of my friends from Kilis, I am also very worried when I imagine what can happen in Meheba, Dzaleka, Za'atari, Lusaka, Bujumbura, Rio, Tehran, Lima .. I would need pages and pages so as not to risk forgetting anyone.

I hear it here and there that talking about war was not responsible. But is it more to think that the virus affects only us and that it risks ruining our economies and our privileged little lives, while in all these countries that I love from the bottom of my heart, all of humanity is in danger of being swallowed up.

I visited hospitals where sanitary conditions were unimaginable. I wandered and lived in the most colorful, most human neighborhoods, but also those where proximity is endemic and heralding a potential disaster.

So yes tonight, I think of my brothers and sisters around the world who will not have the 'chance' to be able to isolate themselves as we do, who will not have the chance to have our medical services, which as saturated as they are, remain infinitely more secure. I am afraid, I fear, that in the catastrophe that is looming, once again, we forget that a human being who disappears, whether black, white, yellow, small, large,, bald ... is a piece of humanity that flies away.

In the meantime, #stayhome !

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