ISOLEMENT/ISOLATION - JOUR/DAY 4
Déjà quatre jours, seulement quatre jours. Les deux sentiments se livrent une rude bataille dans mon crâne, même si je privilégie le côté positif des choses.

 

Already four days, only four days. The two feelings are fighting a hard battle in my mind, even if I favor the positive side of things.

 

Mars 2020 / March 2020

Ce qui est certain, dans l'incertitude globale dans laquelle nous baignons, c'est que nous allons devoir rester cloitrés pour un certain temps, pour ne pas dire un temps certain, alors plutôt que de râler, de me plaindre et de me lamenter sur mon sort, qui est loin d'être le pire, je prends tout cela aussi positivement que possible.

Si cela s'apparente à la méthode Coué, je ne vois pas comment il serait envisageable de tenir sans me persuader qu'il y a toujours quelque chose de positif à tirer d'une situation aussi problématique soit-elle.

Il n'y a pas de doute, ce que nous sommes des millions de terriens, peut-être même des milliards, à vivre en ce moment est du domaine de l'improbable, que dis-je, de l'impossible. La logorrhée d'information continue qui inonde nos postes de télévision, de radio, nos ordinateurs, nos téléphones soit disant intelligents et par conséquence nos cerveaux, qui le sont encore moins, intelligents, ne favorise pas le bien-être personnel et la prise de distance salvatrice avec un climat qui s'alourdit de plus en plus à mesure que le décompte des victimes s'égraine.

Petit à petit, je m'impose un rythme, un nouveau rythme. C'est une évidence, celui-ci est à des années lumières de ma vie habituelle. Aujourd'hui, par exemple, j'étais sensé partir au Malawi, pour travailler dans un camp de réfugiés. Impossible. Dans deux semaines, je devais m'envoler pour le Japon. Impossible également. Deux projets sur lesquels j'avais travaillé pendant des semaines avec les équipes locales, mais des projets qui sont devenus trop compliqués à mener. Me laisser envahir par la tristesse ne serait pas d'une grande aide pour relever la tête.

Dès le réveil ce matin, j'entrepris donc de m'occuper, et pas simplement pour remplir un emploi du temps bien vide, mais au contraire pour trouver un sens à ce que je fais, que ce soit dans mon travail ou dans mes autres activités.

J'ai ainsi repris mes pinceaux qui me narguaient depuis trop longtemps et qui se sont agités à nouveau. L'idée d'une série de peintures me trottait dans la tête depuis des années, mais où et quand trouver le temps de m'y mettre, alors que je passe ma vie dans les avions et les hôtels.

L'isolement est toujours officiellement de deux semaines, mais il serait totalement utopiste d'y croire. Nous sommes là, coincés dans une vie que nous n'avons pas choisies, pour un long moment, je vais donc m'employer à faire avancer toutes ces idées créatives que je n'avais et ne pouvais faire progresser.

Donner un sens au temps, mettre un pied devant l'autre, même si c'est en apparence pour faire du sur-place, voilà ma résolution après seulement quatre jours d'isolement. Du coup, j'ai aussi retrouvé le chemin des fourneaux et depuis deux jours, je me suis remis à inventer ces repas qui sont devenus des jalons important de mes journées. Avec mon père qui m'accompagne dans cette aventure, nous dégustons, nous savourons, et nous jouissons de ce que la vie à encore et toujours à nous donner.

Je me sens en paix, alors que je n'ai aucune espèce d'idée de quoi demain sera fait. Et finalement, ce n'est pas si désagréable. Mais rassurez-vous, dès que je pourrai sortir à nouveau, je repartirai à l'exploration du monde. C'est dans mon ADN. Mais je suis désormais convaincu, qu'il y aura un avant et un après.

What is certain, in the global uncertainty in which we bathe, is that we are going to have to remain cloistered for a certain time, not to say a long time, then rather than to moan, to complain and to lament over my fate, which is far from being the worst, I take it all as positively as possible.

If this is similar to the Coué method, I don't see how it would be possible to hold on without convincing myself that there is always something positive to be gained from a situation as problematic as it is.

There is no doubt that, what we are millions of Earths, maybe even billions, to live at the moment is improbable, what am I saying, it is impossible. The logorrhea of ​​continuous information which floods our television sets, radio, our computers, our telephones supposedly smart and consequently our brains, which are even less intelligent, does not help to develop our personal well-being and don't offer us the opportunity to take a life-saving distance with a climate which is getting heavier as the number of victims grows.

Little by little, I set myself a rhythm, a new rhythm. It's obvious, this one is light years away from my usual life. Today, for example, I was supposed to go to Malawi to work in a refugee camp. Impossible. In two weeks, I had to fly to Japan. Impossible as well. Two projects I had worked on for weeks with local teams, but projects that have become too complicated to carry out. Letting myself be overwhelmed by sadness would not be of much help in raising my head.

As soon as I woke up this morning, I started to occupy myself, and not just to fill a very empty timetable, but on the contrary to find a meaning in what I do, whether in my work or in my others activities.

I thus find the way to my brushes which taunted me for too long. The idea of ​​a series of paintings had been in my head for years, but where and when to find the time to do it, while I spend my life on planes and hotels.

Isolation is still officially for two weeks, but it would be utopian to believe it. We are there, stuck in a life that we have not chosen, for a long time, so I will work to advance all these creative ideas that I had and could not take care of.

Fiding a direction to time, putting one foot in front of the other, even if it is apparently to stay put, that is my resolution after only four days of isolation. Today, I suddenly also found the way to the kitchen and for the last two days, I started to invent these meals which became important milestones of my days. With my father who accompanies me on this adventure, we taste, we savor, and we enjoy what life has still and always to give us.

I feel at peace, even I have no idea what tomorrow will be like. Eventually, it is not so unpleasant. But be assured, as soon as I can get out again, that I will set off to explore the world. It's in my DNA. But I am now convinced that there will be a before and an after.

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