TOUT L'AMOUR D'UN PERE

Janvier 2016 / January 2016

En janvier 2016, je me suis rendu pour la deuxième fois à Cuba, après un premier séjour effectué en juin 2014 dans cette perle des Caraïbes. Je n'avais donc plus la surprise du premier voyage effectué dans un lieu inconnu. Celui dont chaque endroit découvert est une une sorte de confirmation de ce qu'on avait imaginé ou une révélation sur le fonctionnement d'une culture qui vous est étrangère: Cuba et ses voitures des années 50, miraculeusement entretenues par une armée de propriétaires-garagistes, rois de la débrouille ; Cuba et son ambiance festive, véritable auto-thérapie pour oublier les affres d'une vie souvent difficile ; Cuba et son atmosphère caribéenne, dont l'air semble en permanence vibrer au rythme d'une salsa endiablée. 

Dans toutes les images que j'ai ramenées, il m'a été difficile d'en choisir une seule qui puisse évoquer avec force ce que j'avais ressenti en me promenant dans les quartiers pauvres de la Havane, tellement chaque regard croisé me semblait être un livre ouvert sur une histoire souvent tumultueuse. Mon choix s'est finalement arrêté sur le visage de ce vieil homme croisé à Candelaria, à plus d'une heure de voiture de la capitale. Il s'agit du père de Idalys Ortiz, Championne Olympique et Championne du Monde de judo dont nous faisions le portrait pour le compte de la Fédération Internationale de Judo. Elle nous avait prévenus: “mon père n'est plus tout jeune et il y a eu quelques problèmes de santé dernièrement.“ 

Nous sommes arrivés avec respect, un peu sur la pointe des pieds, dans la petite maison rose située à 5km du centre ville, précédés par Idalys qui n'était plus venue dans sa famille depuis plusieurs semaines. Le vieil homme était là, un peu en retrait et les yeux ailleurs, comme si les années pesaient des tonnes sur ses frêles épaules. Pourtant les regards qu'il échangeait avec sa fille étaient indéniablement chargés de tout l'amour d'un père pour son enfant qui a réalisé son rêve olympique.

In January 2016, I went for the second time in Cuba after a first visit made in June 2014 in the Caribbean pearl. Thus I was not as surprised as you are during the first trip to an unknown place. This kind of surprise that hits you in every place you visit and is either a kind of confirmation of what you have imagined or a revelation about how a culture that is foreign to you works: Cuba and its cars of the 50s, miraculously maintained by an army of owners-mechanics, kings of renovation; Cuba and its festive atmosphere, a genuine self-therapy to forget the difficulties of an often hard life; Cuba and its Caribbean atmosphere, where the air constantly seems to vibrate to the rhythm of a frenzied salsa. 

In all the pictures I brought back, it was difficult to choose one that can forcefully evoke what I felt as I walked in the Havana's poor neighborhoods, where each gaze seems to be an open book on an often tumultuous history. My choice finally stopped on the face of this old man crossed in Candelaria, more than an hour drive from the capital. This is the father of Idalys Ortiz, Judo Olympic and World Champion, from who we made the portrait on behalf of the International Judo Federation. She warned us: "My father is no longer young and has had some health problems lately." 

We arrived with respect, on our tiptoe, in the little pink house located 5km away from the city center, preceded by Idalys who had not visited her family for several weeks. The old man was there, a little back and his eyes elsewhere, as if the years weighed tons on his frail shoulders. Yet the looks he exchanged with her daughter were unquestionably full of the love of a father for his child who realized her Olympic dream.