Ma première expérience norvégienne remonte à mon enfance. Agé alors d'une dizaine d'années, mes parents m'embarquèrent dans un long périple à travers toute la Scandinavie, jusqu'au Cap Nord. Si je garde encore aujourd'hui quelques images en têtes de ces milliers de km parcourus dans des paysages somptueux, j'avais besoin de les rafraichir sérieusement.
C'est ce que je fais désormais depuis quelques mois en me rendant régulièrement dans le grand nord de la Norvège, à Tromsø plus exactement, à quelques 350km au nord du cercle polaire arctique, non loin du 70e parallèle. Tromsø est la 8e ville du pays et comptait en 2012, un peu plus de 70 000 habitants. Alors oui, c'est certain, il y fait au minimum frais et souvent froid, voire très froid. Oui, en hiver au moins, il y fait nuit, très nuit, mais malgré ces conditions à la limite de la vie, les lieux sont envoûtants et ensorcelants.
Tromsø est la porte d'entrée d'un monde mystérieux et merveilleux : le monde du Grand Nord, celui des températures extrêmes et des lumières magiques. Comment ne pas s'extasier pendant des heures devant la danse folle des aurores boréales ? A ce jour, à chaque fois que je m'y suis rendu, j'ai eu la chance de les observer. Que dis-je, de les contempler. Comme un gamin, je me m'ennivre devant ce spectacle qui parfois se fait désirer. Mais quand le ciel finalement éclate, et qu'il répand sa lumière verte et violette dans vos yeux écarquillés, il n'y a plus de mots pour décrire ce que vous ressentez.
Lorsque j'ai saisi cette image, cela faisait déjà une semaine que j'attendais qu'enfin le ciel se déchire. Mais rien, jusqu'à cette belle nuit étoilée de février 2016. Je sorti donc, emmitouflé et prêt à affronter la nuit et le sol gelé. Pourtant pendant plus de trente minutes, il sembla que la chance n'était pas de mon côté et je me préparais à rentrer quand je vis une légère lueur dans le ciel. Oh, un rien de rien. Une idée peut-être. Une impression. Un rêve sans doute. En quelques instants, l'incertitude d'observer une fois de plus une aurore boréale se transforma en certitude d'avoir été invité à un spectacle magistral. Le ciel s'illumina en moins de cinq minutes. Il s'ouvrit littéralement sur les profondeurs de l'espace et le vent solaire s'engouffra dans la brèche et vint chevaucher le cheval de neige qui s'enfuyait devant moi.
My first Norwegian experience comes from my childhood. Aged ten, my parents embarked me in a long journey throughout Scandinavia up to the North Cape. If I still retain some pictures in my head of this incredible trip, I seriously needed to refresh them.
This is what I have been doing for a few months now as I'm regularly on my way to the far north, in Tromsø to be precise, some 350km north of the Arctic Circle, near the 70th parallel. Tromsø is the 8th largest city in Norway and had in 2012, a little over 70 000 inhabitants. So yes, for sure, it is cold overthere and often very cold. Yes, at least in winter, it gets dark very early, but despite these conditions at the limit of life, the place is enchanting and bewitching.
Tromsø is the entrance door of a mysterious and wonderful world: the world of the Far North, the one of the extreme temperatures and magical lights. How come is it not possilbe to rave for hours in front of the crazy dance of the Northern Lights? To this day, every time I went there, I had the chance to observe them. Nay, to contemplate them. As a kid, I get litterally drunk of this show which sometimes must be awaited for days. But when the sky finally broke out, and spreads its purple and green light in your eyes wide open, there are no words to describe what you feel.
When I took this picture, it was already there for a week, waiting for the sky to open. But nothing, until this beautiful starry night of February 2016. So I went out, bundled up and ready to fight against the night and the frozen ground. Yet for more than thirty minutes, it seemed that I was unlucky and I was about to go back when I saw a slight glow in the sky. Oh, it was almost nothing. One idea maybe. An impression. A dream perhaps. But withing a few minutes, the uncertainty to observe again an aurora turned into the certainty to have been invited to a masterful performance. The sky lit up in less than five minutes. It literally opened over the depths of space and the solar wind rushed into the breach and came to ride the snow horse which fled in front of me.