ISOLEMENT/ISOLATION - JOUR/DAY 8
Les jours se suivent et se ressemblent. C'est ce que je croyais encore ce matin au réveil. Aujourd'hui, comme hier, comme avant hier, comme le jour d'avant, je n'avais d'autre choix que de rester confiné entre mes quatre murs à attendre que le temps passe.

 

The days go by and look alike. This is what I still believed this morning when I woke up. Today, like yesterday, like the day before yesterday, like the day before, I had no choice but to stay confined within my four walls to wait for time to pass.

 

Mars 2020 / March 2020

Tic, tac, tic, tac... Dehors un soleil radieux inondait un monde désert et silencieux.

Pourtant les jours se suivent et ne se ressemblent pas. Ce mardi 24 mars restera comme le jour où tout s'est figé encore un peu plus car ce n'est pas que le présent qui a marqué le pas, mais le futur aussi s'est brisé contre le mur en béton armé du Covid-19.

Depuis des mois, que dis-je, des années, nous sommes des milliers à préparer le grand festival planétaire des Jeux Olympiques. J'entends d'ici les détracteurs de l'événement dire que de toute façon ce n'est qu'une histoire de pognon et qu'il ne s'agit que de sport. Ce n'est pas faux, mais les Jeux sont bien plus qu'une simple compétition. Ils guident et régentent la vie de beaucoup d'entre nous.

En premier lieu, ils sont la flamme (Olympique) de milliers d'athlètes dont la vie s'articule autour du grand rendez-vous quadriennal. Pour les organisateurs, dont je fais partie, pour nous donc, qui ne sommes pas sous les feux de la rampe, et c'est tant mieux, les Jeux sont un guide qui nous accompagne d'une Olympiade à l'autre et qui nous font vivre au sens propre comme au sens figuré. C'est ainsi, c'est une industrie globalisée, qui parce qu'elle est globalisée justement, est frappée de plein fouet par la crise sanitaire actuelle.

Alors oui, on parle ici de sport, seulement de sport. Mais on parle aussi de la vie de tous ces gens qui de près ou de loin sont affectés par le report des Jeux. Aujourd'hui mes pensées les plus chaleureuses et amicales vont à tous ces champions, dans mon sport, le judo, mais également dans toutes les autres disciplines qui ont l'impression que le ciel s'écroule sur leur tête. Depuis des années, une éternité pour certains, ils ne s'entraînent, ne se préparent, ne s'organisent que pour les jeux. Et ce n'est pas ridicule, bien au contraire. C'est évidemment peu de chose face au virus qui est en train d'emporter des vies, mais ce n'est pas ridicule.

Leurs exploits les font vibrer, mais il font aussi s'extasier des milliards de spectateurs et téléspectateurs. Leurs histoires et leur performances donnent envie à une jeunesse en manque de repères d'aller de l'avant, de trouver la motivation à se transcender.

Oui, me direz-vous, les athlètes ont ce petit quelque chose qui leur permettra de rebondir ? Et puis, quoi, un an de report, c'est quoi un an? C'est peu, 365 jours, et c'est énorme à la fois. C'est rien et c'est beaucoup. Cela implique la remise en cause de choix personnels et professionnels. Cela implique de souffrir encore pendant de long mois avant de prendre la direction de Tokyo.

Il y a aujourd'hui des rêves brisés peut-être, sans doute, tout au moins, écornés. Des réponses à l'attente de ces dernières semaines ont été apportées avec le report de Tokyo 2020, mais elles soulèvent tout autant de nouvelles questions pour les mois à venir. Il y a tout cela en même temps.

Je me faisais une joie de retrouver le Japon pour tant de raisons, qu'il m'est impossible de décrire ici en quelques mots. Je vais attendre, comme tout le monde. C'est ainsi. Mais parce que cela est dans ma nature, je ne veux pas y voir du négatif, je ne veux pas que ce report soit synonyme d'acte manqué. L'histoire sera différente, c'est tout. Elle a choisi de prendre un autre chemin que celui que nous imaginions tous. On en revient ici à l'humilité que nous devrions tous avoir devant la situation. Nous pouvons tout prévoir, nous pouvons tout organiser, il reste malgré tout des variables à propos desquelles nous n'avons rien à dire. Malgré tout et je garde ce désir chevillé au corps, il nous reste la capacité de rêver, de croire et d'espérer.

Ce soir est un soir étrange qui ne ressemble à aucun autre. Non, les jours ne se ressemblent pas, demain sera un autre jour, l'année prochaine, une autre année. L'accepter c'est faire le deuil d'une histoire pour entrer dans une autre. Ne soyons pas effrayés de cela car au final, c'est l'histoire de la vie.


En attendant, #restezchezvous!

Tick, tick, tick, tick ... Outside a radiant sun flooded a deserted and silent world.

Yet the days go by and are not alike. This Tuesday March 24 will remain as the day when everything froze a little more because it is not only the present that has marked time, but the future has also broken against the reinforced concrete wall of the Covid-19.

For months, what am I saying, for years, thousands of us have been preparing for the great global festival of the Olympic Games. From here I hear the detractors of the event say that in any case it is only a story of money and of sport. It's not wrong, but the Games are much more than just a competition. They guide and govern the lives of many of us.

First of all, they are the (Olympic) flame of thousands of athletes whose life revolves around the great quadrennial rendezvous. For the organizers, of which I am a part, for us therefore, who are not in the limelight, and that's good, the Games are a guide that accompanies us from one Olympic Games to another and that makes us live, literally as well as figuratively. That's how it is, it is a globalized industry, which because it is precisely globalized, is hit hard by the current health crisis.

So yes, we are talking about sport here, only sport. But we are also talking about the life of all these people who are affected by the postponement of the Games. Today my warmest and friendliest thoughts go to all these champions, in my sport, judo, but also in all the other disciplines which have the impression that the sky is falling on their heads. For years, an eternity for some, they only train, prepare, organize themselves for the event. And it's not ridiculous, quite the contrary. It is obviously little compared to the virus that is taking lives, but it is not ridiculous.

Their exploits make them vibrate, but they also rave about billions of spectators and viewers. Their stories and their performances inspire young people lacking values to go forward, to find the motivation to transcend themselves.

Yes, you will say to me, athletes have this little something that will allow them to bounce back? And then, what, a year of postponement, what is a year? It's not much, 365 days, and it's huge at the same time. It's nothing and it's a lot. This implies questioning personal and professional choices. This implies suffering for a long time before taking the direction of Tokyo.

Today there are broken dreams, perhaps, at least, chipped and broken hearts. Responses to the expectations of recent weeks waiting to know if the Games will or will not take place have been provided with the postponement of Tokyo 2020, but they raise just as many new questions for the months to come. It’s all at the same time.

I was happy to go back to Japan for so many reasons, which I cannot describe here in a few words. I will wait, like everyone else. This is how it is. But because it is in my nature, I do not want to see this as something negative, I do not want this postponement to be synonymous with a missed act. The story will be different, that's all. It chose to take a different path than the one we all imagined. This comes back to the humility we should all have when facing with the situation. We can foresee everything, we can organize everything, there are still variables about which we have nothing to say. Despite everything, and I keep this desire pegged to the body, we still have the capacity to dream, to believe and to hope.

Tonight is a strange evening unlike any other. No, the days don't look alike, tomorrow will be another day, next year, another year. To accept it is to mourn one story and enter another. Let us not be afraid of that because in the end, it is the story of life.


In the meantime, #stayhome !

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